
Auteurs des photos : Michel Trouillet
Région : 31 Hérault / Occitanie Pays : France
Date et lieu de la prise de vue : juin 2011 et septembre 2017, Lac du Salagou versant nord.
Situation géographique : Google Maps
Information sur le lieu: Celles
Données techniques : Nikon Coolpix Baroudeur sur nacelle auto KAP
Type de cerf-volant : Delta Conyne (F 2) de 4.20m d’envergure
Force et direction du vent : 15 à 25 km/h en brises de Sud régulières, laminées par le Lac du Salagou
Altitude: 50 à 200m / Période : milieu d’après midi, temps clair et très ensoleillé
Histoire d’une photo :
Photo principale : vue plongeante au dessus du village ruiné de Celles
Le village de Celles est un endroit incroyablement photogénique. Les ruines témoignent non seulement d’un passé de conflits contre un barrage qui, finalement, de submergera pas le village abandonné, mais aussi d’un acte de résistance du seul habitant qui refusera de partir et deviendra le maire de la plus petite commune du monde : un seul électeur, lui même. Mais l’histoire deviendra aussi cinématographique, en ce lieu, avec « zone rouge » et Richard Enconina.
Il est vrai que le décor est unique, beau jusqu’à l’étrange, parfois même insolite et angoissant à la tombée du jour, en automne et en hiver. Il y a cette végétation qui résiste, elle aussi, à ce sol rouge, tout droit sorti des profondeurs explosives de la terre. Ici, c’était le règne des volcans, il y a bien longtemps et celui du minerai d’uranium, il n’y a pas si longtemps.
Il n’en fallait pas plus pour planter au-dessus de Celles, le village ruiné, mon cerf-volant et un appareil photo. Lors de ma dernière escapade aérienne , le 13 septembre 2017, les conditions étaient idéales en vent et dans la tranquillité de l’endroit, les touristes partis. Lors de la descente de mon cerf-volant, j’ai cru apercevoir un képi et une chemise bleue. J’avais remballé illico craignant un commencement imminent de problèmes. Je décidais alors de traverser incognito le village et je me suis retrouvé, éberlué et n’en menant pas large, sur une place bondée de gendarmes en tenues d’interventions et armés jusqu’aux dents.
« Il ne fallait pas vous déranger avec un escadron et autant de moyens, je ne suis pas armé, c’est seulement un sac de cerfs-volants, ne tirez pas je me rends ! »
Cette pensée fantasque à peine évaporée, je me suis dirigé d’un pas décidé vers la tente de commandement des opérations. Après m’être présenté comme cerf-voliste licencié de la FFVL et photographe aérien, j’ai décliné les raisons de mon survol du lieu.
« Pas de problème, Monsieur, je fais moi-même du parapente avec quelques collègues, on est de la même famille du vol libre. Si vous diffusez vos photos, faites en sorte que l’on ne puisse pas identifier les hommes de ce rassemblement opérationnel.«
Finalement, quand on a rien à se reprocher, la maréchaussée peut être aimable et presque sympa. Effectivement, je n’avais rien à me reprocher et les photos que je vous livre, ici, identifient plus un paysage unique et extraordinaire, qu’une armée en opération.